Besoin d'aide, peut-être ? [PV Nuage des Océans]

Il faisait gris ce jour-là. De lourds nuages assombrissaient le ciel et alourdissaient l'air. Mais je n'accordais aucune importance au temps, comme d'habitude. Ce genre de détails m'étaient égals. Je marchais tranquillement, d'un pas léger et aérien, mais plutôt lent. Ni l'odeur de moisissure qui flottait dans la forêt, ni les arbres tombés en décomposition, ni même l'absence étrange de chants d'oiseaux ne parvenaient à entamer ma bonne humeur. La seule chose à laquelle je prêtais attention, c'était moi-même. Et moi, je me sentais parfaitement bien : j'avais mangé à ma faim, je n'avais pas fait de cauchemars sanglants dans lesquels une Fleur de Lavande défigurée revenais pour m'accuser de ne pas l'avoir sauvée. Ce souvenir me fis frissonner; trois lunes après l'accident, si mes rêves sur ce sujet étaient certes de moins en moins fréquents, ils me terrifiaient toujours autant. J'en sortais affolé, haletant, et, parfois, les yeux rougis d'avoir pleuré. Cette fragilité me contrariais profondément... Et voilà, j'étais de mauvaise humeur. Je donnais un coup de patte rageur dans un caillou et glapit. Le caillou était en réalité une pierre, dure et enfoncée loin dans le sol. Je levai ma patte endolorie et évaluai rapidement la gravité de la blessure : elle était négligeable. Soupirant, je me remis en marche, pas très certain du but de ma sortie. Si mes souvenirs étaient bons, je voulais me détendre et en profiter pour chasser un peu. Mais maintenant, j'étais bien moins détendu qu'avant, et je commençais à en avoir marre de cette forêt pourrie (dans tous les sens du terme). Je m'apprêtais donc à faire demi-tour en direction du camp lorsque j'entendis un cri. Pas de doute, c'était celui d'un chat, et ce chat était soit désespéré, soit particulièrement en colère. Ou peut-être bien les deux...songeais-je avec une pointe d'amusement. Je continuais un moment dans la direction du camp du Tonnerre, plus qu’indifférent à l'évidente détresse de l'auteur du cri. Puis une deuxième exclamation lointaine retentis et je ne pus m'empêcher de regarder vers l'origine du bruit. Un deuxième soupir, cette fois exaspéré, et je courais droit vers les Quatre Chênes, guidé par divers gémissements de douleur.
J'arrivais enfin au sommet de la petite colline. Là, empêtré dans des ronces, un jeune chat (du Clan du Vent, au flair) tentait apparemment de se dégager. Sans faire quoi que ce soit pour l'aider, je m'approchai et lui lançai, hilare :
"Je ne savais pas que les lapins vivaient dans les ronciers..."

Aujourd'hui, je n'ai pas fait mon cauchemar quotidien, grand bien m'en fasse. Je me suis donc levé de si bonne humeur, ma gaiété était si visible que cela énervait mes camarades. De plus, Nuage des Tourbillons a failli m'assassiner car je lui avais marché sur la queue. J'en étais désolé mais rien ne pourrais détruire ma bonne humeur. Je virevoltais ici et là, comme un pinson, ignorant cette chaleur que je défiai aujourd'hui. Non, elle ne m'aura pas! Mon mentor m'appris une nouvelle posture de chasse, après quoi nous avons révisé la tactique de chasse des écureils. Je l'adore. Ensuite, il m'a envoyer aider les anciens et de demander à lune de Neige si elle avait faim. Je lui ai déposé un mulot, elle était débordée. Les anciens m'ont fait l'honneur de me sourire, ce qui peut être très rare chez eux. L'un d'eux m'a même conté une petite histoire des anciens temps ce qui m'a ravit au plus haut point. Débordant d'énergie, je suis retourné vers mon mentor, qui lui, a contrario, était exténué. Je lui ai proposé d'aller chasser seul, pour ramener un maximum de proies. IL a soupiré, et devinant qu'il ne pourrait ternir mon excitation, il a acccepté.
Je poursuivais donc un lapin à travers le territoire quand j'ai poussé un hurlement. Je n'avais pas vu ce buisson débile, plein de ronces et maintenant j'étais coincé à l'intérieur. Chaque épines avaient pénétré ma chair, m'offrant une torture intolérable. Le pire, c'était mon visage. Une ronce touchait ma joue, la faisant saigner. Une épine était planté dans mon front, faisant perler des gouttes de sang et m'aveuglant. Chaque mouvement m'arrachait un cri. Je ne pouvais pas remuer. Voilà qui gachait ma si belle journée.
Un malaise s'empare de moi. Que vais-je faire? Soudain, j'entends des pas. Je me cripse et espère que la personnne qui arrive n'a pas de mauvaises intentions. J'hume l'air, mais mon museau est endolori par la griffure des ronces. Le chat me lance, d'une voix amusé:

"Je ne savais pas que les lapins vivaient dans les ronciers..."

Je grogne puis je gémis de douleur. Rien que le fait de respirer me fait du mal. Mais je n'allai pas supplier cet abruti de chat qui se moque de moi. J'arrive à articuler, en ronchonnant:

"Merci de l'info, tu m'aides beaucoup"

"Merci de l'info, tu m'aides beaucoup."
Je choisit de ne pas le prendre mal : le jeune chat était vraiment bien pris dans les ronces; le moindre tressaillement devait sûrement lui faire subir une douleur atroce. Une fois calmé et mon fou rire terminé, je décida donc de l'aider, même s'il ne lui avait pas demandé. Après tout, sans cette découverte pour le moins surprenante, je serais rentré au camp de mauvaise humeur. Mais maintenant, j'avais retrouvé ma joie du matin. J'étais même encore plus joyeux, si c'était possible. Les yeux encore brillants d'amusement, j'entrepris donc d'inspecter les enchevêtrements de tiges épineuses qui s'entrelaçaient pêle-mêle autour des membres du novice. Ça promettait d'être très long... Sauf si j'utilisais un petit coup d'Accélération, comme j'aimais appeler mon don. Je souris, ravi de cette occasion de démontrer mon talent à un inconnu. Avec l'air supérieur de celui qui en sait plus que les autres, j'avertis le jeune chat :

"Ça risque de faire un peu mal, mais je te promets que ce sera rapide."

Et non sans lui avoir adressé un clin d’œil malicieux, je déchaînais toute la célérité dont j'étais capable (ce qui n'est pas peu dire). En quelques secondes, les ronces étaient toutes parfaitement démêlées et j'étais assis à quelques longueurs de queue, en train de nettoyer soigneusement mon pelage ébouriffé par la vitesse et couvert de légères égratignures éparses.

Je ne savais ce que ce foutu chat faisait mais en tout cas, il avait l'air mort de rire. Je voulais grogner mais je ne pouvais pas. Tout me fait souffrir le martyr alors autant essayer de minimiser la douleur. Je fermai les yeux. Je sentis qu'il s'approchait de moi, j'ouvris mes paupières afin de le foudroyer du regard. Il dit d'un air hautain et détestable, avec cette pointe d'humour qui te fait si facilement péter un câble:

"Ça risque de faire un peu mal, mais je te promets que ce sera rapide."

Je n'eus pas le temps de grogner: "comment ça, ça sera rapide" que je sentis un brusque courant d'air. Une douleur déchirante me pénétra violemment. La seconde d'après, j'étais libre et lui étais à quelque longueur de queue de moi, en train de faire sa toilette, l'air de rien. J'étais ahuri. Je ronchonnai, mécontent de ma mésaventure:

- Merci de m'avoir aidé...

Ce chat du clan du tonnerre m'énervait à un point fou! Sa manière d'être m'hérissait les poils, j'avais envie qu'il s'en aille. Mais, il m'avait aidé et m'avait permis d'être libre de mes mouvements donc je n'allai pas le chasser. Surtout qu'on était en terre libre et qu'il était plus expérimenté que moi. Et plus rapide. Je m'assis et commençai à faire ma toilette, léchant tout d'abord mes blessures les plus profondes. Du sang coulait de mon front et m'aveuglait de temps en temps, je passai donc ma patte par dessus la blessure afin de ralentir le flux sanguin. Je décidai d'ignorer mon "sauveur'. Je lui avais dit merci de toute façon.

"Merci de m'avoir aidé..."
Sans relever la tête, je compris que le novice était à la fois surpris et agacé. Mais, reconnaissant ? Pas le moins du monde ! Cela m'amusa au plus haut point, mais je préférais m'abstenir de rire; je l'avais déjà assez vexé comme ça. En revanche, je ne put retenir un frémissement de moustaches railleur. Un silence s'installa entre nous, occupés que nous étions à faire nos toilettes respectives. Finalement, ce fut moi qui le rompis. Une fois mon poil roux redevenu soyeux et brillant, je relevais la tête, notais, presque indifférent, les blessures à vif de l'apprenti, et miaulai avec ironie :
"De rien, tout le plaisir était pour moi. J'espère que je ne t'ai pas fait trop mal."
Je me doutais bien que cette remarque risquait d'énerver mon interlocuteur. Je haussai les épaules : après tout, peu m'importait. Je n'allais tout de même pas me déranger pour un chat que je venais à peine de rencontrer, et qui, par-dessus le marché, ne me remerciait qu'à contrecœur, pour une aide non-négligeable. Tout cela aurait dû m'être parfaitement égal; pourtant, et à mon grand désarroi, j'aurais bien aimé que la discussion prenne un autre tour.
"Peut-être qu'il aurait été mieux disposé à ton égard si tu n'étais aussi désagréable avec lui," murmurais-je pour moi-même. Si je voulais me faire pardonner, je devais changer mon attitude du tout au tout... Je soupirais. Je n'avais pas l'habitude de m'excuser, et m'astreint difficilement à regarder le jeune chat droit dans les yeux pour lui dire, avec une sincérité non-feinte :
"Désolé, je n'ai pas été très... Enfin bref." Je remuai la queue, hésitant, un tantinet gêné, me demandant si j'avais vraiment eu raison de me lancer dans une entreprise aussi hasardeuse. Pourquoi fallait-il toujours que je tente le diable ?
"Comment t’appelles-tu ?" ajoutais-je enfin avec un sourire non plus moqueur mais maladroit.

"De rien, tout le plaisir était pour moi. J'espère que je ne t'ai pas fait trop mal."

J'haussai les épaules. Ce n'était pas lui qui m'avait fait mal de toute façon, c'était ces maudites ronces. Après, il aurait pu être délicat. Il aurait pu éviter de me faire grogner, ce qui m'avait fait mal. Il aurait pu éviter mon énervement envers lui. Il aurait pu éviter de me taper sur le sytème avec ses blagues et ses piques à la noix. Mais il n'aurait pas pu éviter de me faire mal par contre. Il y avait des bouts de piquants très enfoncés alors il n'aurait pas pu éviter cela. Je soupirai. Quelques écorchures continuaient de couler, cela m'exaspérait. Surtout que je n'arrivais pas à les atteindre. Je m'ébrouai brusquement, tachant légèrement le sol de sang. Mon pelage était encore poisseux et colant de sang, même avec toute la motivation du monde, seul un bain pourrait m'enlever toute cette poussière mélangé à ce liquide rougâtre.
Mes pensées se tournèrent vers la guérisseuse de mon clan. Je n'arrêtait pas de faire des bétises moi... Lune de Neige allait encore devoir me soigner. Je soupirai et continuai ma toilette, oubliant mon sauveur et pensant à elle.
Soudain, une voix timide me sortit de ma réflextion :

"Désolé, je n'ai pas été très... Enfin bref."

Je me retournai brusquement et le regardai avec de grands yeux ronds. J'eus du mal à comprendre pourquoi il me disait cela. Quand enfin l'illumination me vint, je souris et le regardai, moqueur à mon tour. Oui, c'est bien vrai il n'a pas été très .... Mon sourire s'élargit de plus belle. Il me demanda mon nom. Je le lui donnai avec joie puis je lui retournai la question avec jovialité.

En entendant mes excuses, le jeune chat se retourna aussi sec et me fixa, ahuri. Je me retins lui de retourner son regard en m'écriant "Quoi ?!", ce qui aurait un peu gâché mes tentatives de me montrer sympathique. Je choisis de ne pas relever et appris bientôt qu'il s’appelait Nuage des Océans (et accessoirement que son sourire faisait quasiment le tour de son visage, mais ça, je l'ai déduis tout seul en le regardant). Du coup, comme un idiot, j'ai souri à mon tour et je lui ai dit mon propre nom comme si c'était la première fois que l'on me le demandais. Pas une très bonne idée si je voulais éviter de passer pour un demeuré, mais avec un peu de chance il prendrait ça pour une plaisanterie un peu ratée et pas pour un signe de stupidité évident.
N'empêche que Nuage des Océans était en train de faire une belle flaque de sang par terre, et je n'avais pas vraiment envie d'être accusé de son meurtre. D'ailleurs, je n'avais pas envie qu'il meure tout court. Pourquoi ? Eh bien, je dois avouer que je commençais à l'apprécier, lui et son air ronchon. J'ai donc désigné de la queue l'une de ses plaies les plus importantes.
"Tu ne crois pas qu'il faudrait faire quelque chose ?"
J'avais un peu peur qu'il s'écroule sans prévenir d'un instant à l'autre. Et évanoui, il aurait été beaucoup plus délicat à transporter. Surtout si je voulais éviter de colorer mon pelage de rouge, moi aussi.
"Le camp du Tonnerre n'est pas très loin," signalais-je d'une voix inquiète.
Dans son état, hors de question qu'il rentre seul. Je ne m'en suis pas tout de suite rendu compte, mais j'avais l'air d'une maman angoissée. Heureusement d'ailleurs que je ne l'ai pas remarqué, parce que je me connais : j'aurais été capable de le laisser tomber et de partir comme si de rien n'était juste pour montrer que ce chaton m'était totalement indifférent et que personne n'avait percé ma carapace, lui encore moins. Mais je ne partis pas ce jour-là; je restais et j'attendais qu'il me réponde avec une agitation et une anxiété grandissante.

Je le regardais avec curiosité, il finit par me dire son nom, Coucher de Soleil. C'est super beau. Mais lui n'est pas assez beau pour représenter ce sublime évènement qu'est un coucher de soleil. Quelle drôle d'idée d'appeler quelqu'un comme ça. C'est pas du tout prétentieux, murmmurais-je pour moi-même avec ironie. Il finit par interrompre mes pensées en me posant une question qui me remis les pieds sur terre:

"Tu ne crois pas qu'il faudrait faire quelque chose ?"

Il pointa mes blessures, notamment celle de mon front, qui ne s'arrêtait pas de couler. A moins qu'il ne pointait celle du mon coup? Celle-là aussi ne s'arrête jamais de saigner. De toute façon je n'arrive pas à les voir. Je passe ma patte sur mon front afin d'enlever le sang et pour que je puisse voir à peu près correctement. Un très fin voile rouge brouillait la vue de mon oeil gauche. J'haussai les épaules. J'étais bien ici moi, à faire ma toilette et respirer l'air frais. C'est pas comme si mes terres étaient brulantes et la chaleur écrasante.

"Le camp du Tonnerre n'est pas très loin,"

J'haussai un sourcil. Il était terriblement inquiet, sa voix reflètait sa peur. Pourtant, je n'avais pas l'impression d'être autant blessé qu'il a l'air de le voir. A-t-il des problèmes de visions? Quoi qu'il en soit, il était hors de question que je pose une patte en terre ennemie. Je répondis donc sur la défensive et d'une voix plutôt cassante:

"Et alors? Je vais très bien."

Je voulus prouver mes dires par un acte et je décidai de faire quelques pas. Je sentis toute ma force et mon énergie partir d'un coup. La terre tremblai à mes yeux, les arbres voguaient de droite à gauche. Ma tête me faisait soudain très mal. Je m'assis en fermant les yeux pour me calmer. Je sentais que je ne resterais pas longtemps éveillé. Il fallait impérativement que je rentre. Alors, je lui dis d'une voix faible mais déterminée:

"Je vais rentrer. Merci encore de m'avoir aidé"

Je tournai donc les talons et marchais. Je ne fis que trois pas et je tombai à terre. Ma tête frappa lourdement le sol.

Nuage des Océans haussa un sourcil dubitatif. Le fait qu'il ne prenne pas au sérieux ses blessures me déplut fortement, mais ce n'était rien comparé à la voix cassante qu'il employa pour me répondre :
"Et alors? Je vais très bien."
Ouiiii, bien sûr ! Tu dégoulines de sang de la tête aux pieds et tu en as même dans les yeux, mais tu te sens en pleine forme, prêt à courir jusqu'aux Hautes pierres s'il le faut ! Je lui souris ironiquement. Il croyait vraiment que j'allais avaler ça ? Apparemment oui, car il se mit à avancer en direction des terres du Vent. Je décidais de ne pas intervenir... pour l'instant. Quand il se rendrait compte qu'il n'était pas en état de se débrouiller seul, et encore moins sur une longue distance, il n'aurait qu'à demander et je ferais tout mon possible pour l'aider. En attendant, c'était particulièrement divertissant de le regarder dépenser toute son énergie pour faire un pas. Du moins, ça aurait dû l'être, mais bizarrement, je mourais plutôt d'envie de me précipiter vers lui pour le soutenir, et j'avais peur pour lui. Étrange... Enfin, il s'assit, et je crus qu'il allait s'avouer vaincu. Mais non ! J'avais la conviction que, même agonisant, cet idiot n'aurait renoncé pour rien au monde.
"Je vais rentrer. Merci encore de m'avoir aidé," fit-il faiblement.
Il fit un pas de plus, et je ne bougeai pas, admiratif malgré la bêtise de cette entreprise. Il fit un pas de plus et je révisai mon avis ; après tout, peut-être tiendrait-il sur la moitié du chemin ? Finalement, le troisième pas fut le dernier, et la tête du novice heurta brutalement le sol, produisant un bruit sourd. Mes pattes bondirent malgré elles, et, quelques dixièmes de secondes plus tard, je me trouvais à côté de lui.
"Nuage des Océans ?"
Pas de réponse. Je m'assis et penchais un visage affolé vers lui. Que faire ? Les rouages de mon cerveau tournaient à plein régime, élaborant solution idiote sur solution irréalisable. L'une d'elles cependant me parut bonne : je n'avais qu'à le porter jusqu'à la rivière en contrebas, et un peu d'eau le réanimerait. Ensuite, on aviserait ; je n'étais pas guérisseur et je craignais d'empirer son état en le déplaçant. Avec toute la délicatesse dont j'étais capable, je hissais l'apprenti inconscient sur mes épaules et commençais à marcher précautionneusement. Je me serais senti un peu bête de le faire tomber une seconde fois.
Je descendis péniblement le chemin de Bipèdes, puis bifurquais en direction de l'Arbre aux Chouettes. Je le dépassais et arrivait enfin à mon but : un affluent de la Rivière qui passait sur nos terres. Soulagé, je déposais douuuucement mon fardeau sur le sol et soupirais. Bon. Si une patrouille passait par là, j'avais intérêt à trouver une excuse en béton pour avoir amené un novice ennemi ici... Mais je n'avais pas le temps de réfléchir à un prétexte pour l'instant. Nuage des Océans était ma priorité. Tout en mouillant mes pattes velues, je me demandais pourquoi ; habituellement, jamais je n'aurais fait tout ça pour un chaton qui n'était même pas de mon Clan...
J'eus un sourire féroce ; après tout, pourquoi pas ? J'étais libre de faire ce que je voulais, quand je le voulais. Si sauver Nuage des Océans en faisait partie, je ne voyais pas ce qui pourrait m'en empêcher ! Et au diable le code du guerrier. De toute façon, je ne l'avait jamais respecté à la lettre.
Impossible de m'avouer que je n'agissais pas seulement sur un coup de tête. Ç’aurait été contraire à mes principes que d'éprouver une réelle affection pour quelqu'un d'autre que moi-même.
J'appliquais mes coussinets trempés et glacés sur deux yeux si tuméfiés qu'ils en étaient à peine reconnaissable, puis sur un museau couvert de sang séché. Enfin, j’attendis impatiemment que le jeune chat réagisse.
"Allez, Nuage des Océans... Réveille-toi, s'il te plaît..." fis-je d'une vois pressante.

[j'ai adoré ta phrase xD : éprouver une réelle affection pour quelqu'un d'autre que moi-même. Elle m'a tué xD)]

"Nuage des Océans ?"

Quelle est cette voix? Qui est Nuage des Océans? Pourquoi je souffre ainsi? Pourquoi j'ai l'impression que la terre tremble? Que se passe-t-il? Une chose me monte en l'air. Je ne touche plus le sol. J'ai envie de vomir. Du sang goutte sur le chemin. Des odeurs affluent de toutes parts, je n'en connais que quelques-unes. Que se passe-t-il? Je me le demande? Pourquoi j'ai si mal? J'ai l'impression que des piques me transpercent de part et d'autre de mon corps.
Soudain, je ressens une secousse et mon corps endolori et qui est l'objet de ma souffrance touche le sol. Une chose a côté de moi s'active. Je me répète les même questions. J'aimerais hurler, mais le son se bloque dans ma gorge. Deux pattes glacées s'appuient sur ma tête, cela me fait l'effet d'une douce froide. Mon corps est pris d'un frisson général, puis il s'affaisse. J'entends une voix lointaine qui dit:

"Allez, Nuage des Océans... Réveille-toi, s'il te plaît..."

C'est qui bon sang ce Nuage des Océans à la fin? Soudain, mes poumons se contractent et se relâchent brusquement. Un hoquet me fait revenir à la réalité et un second me fait tousser du sang. Sonné, je vois flou. Une odeur tenace du clan du tonnerre m'envabit et m'assaille de toutes parts. Où est-ce que je suis?

J'eus beau le supplier de sortir de l'inconscience, rien n'y fit : Nuage des Océans resta inconscient. Puis, alors qu'une exclamation d'impuissance m'échappait, il hoqueta, cracha un peu de sang et ouvrit enfin les yeux. Je retirais aussitôt mes pattes de son visage et me penchais avec inquiétude sur le regard désorienté du jeune chat. Il me regardait comme s'il ne me reconnaissait pas... mais il était bien vivant et réveillé. Je soupirais bruyamment, soulagé, et je m'écartais pour rincer rapidement mon pelage dans le ruisseau. Quelques coups de langues en accéléré et me voilà de nouveau au chevet du souffrant. Avec un sourire bienveillant emprunté aux guérisseurs - vous savez, ce visage si satisfait d'avoir réussi à vous soigner - je lui demandais d'une voix exagérément prévenante :
"Alors, comment se sent-on, petit miraculé ? On a eu de la chance que Coucher de Soleil soit là pour jouer les bons samaritain, hein !"
Même en faisant des efforts colossaux pour paraître sérieux, je ne put m'empêcher d'éclater d'un rire libérateur. Toute la tension accumulée le long du pénible trajet s'envola d'un coup et je fis un sourire chaleureux au "petit miraculé". Mais pourquoi est-ce qu'il me lorgnais de cette façon ? On aurait dit qu'il me prenait pour son ennemi, et même si nous étions sur les terres de mon Clan, il aurais dû savoir que je l'avais amené là pour l'aider. Non ?

Aïe, pourquoi j'ai mal? C'est qui qui me donne à boire là? En tout cas ça fait du bien. Je sens ce liquide pénétrait en moi par le biais de ma trachée et me procure un bien-être fou. Il me pose une question étrange:

"Alors, comment se sent-on, petit miraculé ? On a eu de la chance que Coucher de Soleil soit là pour jouer les bons samaritain, hein !"

Je secoue la tête et me relève. J'ai mal partout. Je grimace. Je regarde mon corps ensanglanté, griffé de partout. Je saigne encore, alors je lèche mes blessures, en observant ce Coucher de Soleil qui a l'air totalement cinglé. Mais, j'ai l'impression qu'il m'a sauvé la vie. Mais je fais quoi en territoire ennemi? Je lui demande, tout en ponctuant mes paroles d'un léger trait d'humour:

"Merci... heu Coucher de Soleil. Je me sens... blessé. Mais, qu'est-ce-que je fais ici? Où suis-je d'ailleurs?"

Je le regarde, interloqué. Je me balance d'une patte à l'autre, mal à l'aise. La puantueur du clan du tonnerre était si forte que j'avais envie de vomir. Bon, ce n'était pas aussi horrible que celle du clan de l'ombre mais quand même. Trop d'odeur tue l'odeur.
J'avais hâte de connaître la réponse, alors je le fixe droit dans les yeux, avec ma queue qui fait des allers-retours sans relâche. Il avait l'air d'avoir transgressé le code pour me sauver la vie...

Je regardai avec joie Nuage des Océans se relever et panser ses plaies à coups de langues en grimaçant. Légèrement ironique, il me lança :
"Merci... heu Coucher de Soleil. Je me sens... blessé. Mais, qu'est-ce-que je fais ici ? Où suis-je d'ailleurs ?"
Où est-ce qu'il était ? Mais sur les terres du Clan du Tonnerre, pardi ! Où donc voulait-il que je l'amène ? Hein ? Je secouai la tête, interdit. Il ne reconnaissait pas la fragrance entêtante de mon Clan autour de nous ? Mais où pouvait-il bien avoir la tête ? Lui aussi semblait surpris, et mal à l'aise surtout. Il se balançai d'une patte sur l'autre et semblai sur le point de vomir. Puis, comme je ne répondais pas, il tourna la tête vers moi et me fixa en remuant la queue, visiblement impatient de connaître ma réponse. Pour toute explication, je lui jetai un regard mi-interrogateur, mi-inquiet. Il blaguais, là, non ? Apparemment, non, vu l'expression de son visage. Je remuai la tête, abasourdi. Le choc de tout à l'heure, quand il était tombé sur la tête, avait dû être bien plus fort que ce que j'imaginais... Je me raclai la gorge :
"Hrrmm... Nous sommes sur le territoire de mon Clan, tu sais, le Clan du Tonnerre... Et toi, tu es un apprenti... du clan du Vent. Tu t'en souviens, n'est-ce pas ?"
Soucieux pour sa mémoire, j'ajoutai aussitôt après :
"Et moi... je suis Coucher de Soleil, et je t'ai aidé à sortir du buisson de ronces... Tu sais, aux Quatre Chênes ?"
A ce niveau-là, ce n'était plus de l’inquiétude, c'était de l'angoisse pure. Et s'il avait totalement oublié les évènements précédents ? Bon, d'accord, ce n'était pas mon problème, mais quand même... C'était que je l'aimais bien, moi, "mon petit miraculé".

HRP :

Il se raclait la gorge, inquiet et étonné, pour une raison qui m'étais inconnue:

"Hrrmm... Nous sommes sur le territoire de mon Clan, tu sais, le Clan du Tonnerre... Et toi, tu es un apprenti... du clan du Vent. Tu t'en souviens, n'est-ce pas ?"

Non, tu crois? J'avais capté que j'étais sur le territoire du clan du tonnerre... Apprenti du clan du vent? Ah? Ah, c'est possible... pourquoi je ne m'en souvenais pas. Mes yeux s'écarquillèrent quand il prononça, avec une anxiété grandissante:

"Et moi... je suis Coucher de Soleil, et je t'ai aidé à sortir du buisson de ronces... Tu sais, aux Quatre Chênes ?"

Je fronçai les arcanes sourcillières. Les quatres chênes? C'est quoi ça? Des ronces? Coucher de Soleil? Je remuai ma mémoire en quête d'informations, mais rien ne me venait en tête. Je murmurai d'une voix éteinte:

'Je ne me souviens de rien..."

Je me dirige en boitillant vers la rivière. Je lape l'eau pour me rafraîchir, mais mes pattes cédèrent et je tombai dans l'eau. Je ressortis la tête du liquide glacé avec des yeux aussi ronds que.... que... J'avais aussi oublié qu'est-ce-qui était rond!! Je me faisais peur. Je pris ma respiration et plongeais ma tête dans l'eau qui pénétrait ma chair pour me geler de l'intérieur. Je pensais très fort, je réfléchissais. Je restai ainsi pendant quelques instants, jusqu'à ce que l'oxygène me manque, puis je la ressors et prends une grande et longue goulée d'air.
Je me roule ensuite dans la rivière et exécute encore des mouvements les plus étrange les uns que les autres, comme me mettre sur les deux pattes arrières et me laisser tomber en arrière,ect...

Soudain, je m'arrête violement et je me tourne vers Coucher de Soleil. Les souvenirs m'assaillèrent de toutes parts, et j'en perdis l'équilibre. Je m'étalai de tout mon long au sol et demeurait par terre le temps que je me calme.

Quand je lève à nouveau les yeux sur mon sauveur, je souris, d'un large sourire joyeux. Je sors de l'eau, me secoue, éparpillant des milliers de gouttelettes d'eau, puis je lui lance d'un ton enjoué:

"Merci Coucher de Soleil! Bon, faut que je rentre moi! Comment je fais? Lune de Neige va encore devoir me soigner..."

J'avais poussé un long soupir en prononçant ma dernière phrase, sans gâcher pour autant ma nouvelle bonne humeur.

Nuage des Océans fronça les sourcils et secoua la tête.
"Je ne me souviens de rien.."
C'était aussi étonnant qu'inquiétant. Je me demandais avec angoisse si un coup sur la tête pouvait faire perdre la mémoire de façon définitive... Mais malgré tout, je laissais le jeune chat s'approcher du ruisseau. Après tout, il faisait ce qu'il voulait ! Mais je l'observais avec attention, et, lorsqu'il trébucha, je me précipitait. Inutilement, car il se redressa sans aide, les yeux agrandis par... la peur ? le froid ? Je n'aurais su le dire. Je n'intervins pas non plus lorsqu'il plongea la tête dans l'eau et exécuta une série de mouvements incongrus, bondissant, se relevant et se laissant tomber, roulant sur les côtés... Puis il s'interrompit au beau milieu d'un saut, comme frappé par la foudre, et chut de tout son long. Je dois dire que je tressaillis légèrement, mais Nuage d'Océan semblait à première vue maîtriser la situation, et je restai aussi immobile que muet. Autant ne pas me mouiller pour rien, et j'avais assez cavalé pour la journée.
Enfin, le novice sortit de l'eau, tout sourire, et s'ébroua pour sécher son pelage. Je bondis en arrière juste assez vite pour éviter les myriades de gouttes translucides qui volèrent en tous sens. Je peux remercier mon pouvoir, grâce à lui je resterais au sec ! songeais-je, quelque peu ironique.
"Merci Coucher de Soleil! Bon, faut que je rentre moi! Comment je fais ? Lune de Neige va encore devoir me soigner..."
Apparemment, malgré le soupir qu'il avait laissé échapper, Nuage des Océans respirait la bonne humeur...et avait retrouvé sa mémoire, intacte. Hum, après tout, peut-être que moi aussi, j'aurais dû profiter des bienfaits de l'eau fraîche pour la santé... Je retirais aussitôt cette pensée maladroite en me remémorant la sensation glacée sur mes coussinets alors que je les humidifiais pour réveiller l'apprenti. Non merci, jamais je ne retenterais ça ! En tout cas, mon petit miraculé semblait en pleine forme, et capable de regagner son camp tout seul. Sauf qu'il semblait aussi plutôt en forme, avant que je réalise qu'il lui manquait quelques souvenirs. Sceptique, je décidai donc de ne pas le laisser seul jusqu'à ce qu'il soit de retour chez lui.
"Je vais faire en sorte qu'elle te retrouve en un seul morceau. Ce sera plus facile à rafistoler." lançais-je d'une voix affectueuse bien qu'un poil moqueuse. Et j'ajoutais sur un ton d'avertissement :
"Par contre, dès qu'on arrive à la frontière, je te laisse te débrouiller. Au pire, tu n'auras qu'à attendre qu'une patrouille du Vent passe par là. Tu es prévenu. Hors de question que je joue les mamans avec toi !"
J'omis de préciser que n'importe quelle maman m'aurait sans doute maudit pour ma délicatesse discutable, et je me mis en chemin sans attendre. C'était qu'il fallait encore que je chasse, moi, sinon, j'aurais l'air d'un parfait imbécile en rentrant au camp ! Encore que ces derniers temps, avec les arbres pourrissants, les proies se faisaient rares... Je me tournai vers Nuage des Océans et lui lançai :
"Alors, tu viens ?"

Il semble plutôt dubitatif, il me lance sur un ton enjoué bien qu'on pouvait percevoir une pointe de moquerie affectueuse:

"Je vais faire en sorte qu'elle te retrouve en un seul morceau. Ce sera plus facile à rafistoler."

Je souris, il a raison. Ma queue bat l'air, j'entrouvis ma bouche pour répondre quand Coucher de Soleil continua, cette fois-ci sur le ton de l'avertissement:

"Par contre, dès qu'on arrive à la frontière, je te laisse te débrouiller. Au pire, tu n'auras qu'à attendre qu'une patrouille du Vent passe par là. tu es prévenu. Hors de question que je joue les mamans avec toi !"

Mon sourire s'élargit, il l'a déjà fait je crois, jouer les mamans avec moi. D'ailleurs, je ne suis pas sûr que ce soit très... Je secouai la tête. Il m'avait peu être sauvé la vie. Il se mit en route avant que j'eus le temps de répondre. Je restai là à le regarder s'éloigner, plongé dans toutes sortes de pensées bizarre, quand il m'interpella:

"Alors, tu viens ?"

Je bondis sur mes pattes et je le rejoignis en trottinant. Nous marchons ensemble jusqu'à mon territoire, en parlant de tout et de rien. Nous allions bientôt arriver, mais je sens les forces qui commençent à me quitter. Je demande à faire une petite pause. La route est longue jusqu'au camp. Très longue. Je m'allonge à le fronitière tout en lui souriant. Mes pattes étaient endolori, et mes plaies au visage recommençaient à saigner. Très légèrement, un mince filet de sang se frayait un chemin entre les poils recouvrant ma tête. J'ai chaud puis froid, puis chaud. Je soupire. J'espère que je n'étais pas tombé malade. Je pose mon regard vers le chat du clan du tonnerre, puis je lui lance d'un ton enjoué:

"En tout cas, merci pour tout ce qui tu as fait."

Il ne nous fallut pas très longtemps pour atteindre la frontière en discutant. Je me sentais léger, gai, et ce malgré les évènements récents comme l'étrange décadence qui frappait la forêt. Nuage des Océans, quant à lui, compensait la fatigue due à ses blessures par un enthousiasme jamais faiblissant et des sourires fréquents. Enfin, lorsque l'odeur du Tonnerre commença à s'estomper pour laisser place peu à peu à celle du Vent, l'apprenti s'allongea, réclamant une pause. Je remarquai avec inquiétude qu'il recommençait à saigner, mais retint mon envie de l'accompagner un peu plus loin sur le chemin jusqu'à son camp. J'avais déjà largement rempli voire outrepassé mon rôle, et il était temps pour moi de partir en priant pour que le guérisseur du Clan du Vent soit aussi excellent que le nôtre. Avec un soupir, mais d'un ton volontairement enjoué, mon petit miraculé me lança :
"En tout cas, merci pour tout ce qui tu as fait."
Je ne pus m'empêcher de lui faire un clin d’œil et de rétorquer d'un air assuré :
"Sauveur express, toujours là pour vous !"
Puis mon sourire malicieux laissa place à une expression étrange, presque tendre :
"De rien, et fais attention à toi, mon pt'it miraculé. Je ne serais peut-être pas là pour te sortir d'affaire, la prochaine fois."
Puis ma voix reprit son ironie habituelle :
"D'ailleurs, même si je l'étais, je te laisserais te débrouiller. Tant pis pour toi si tu es incapable de rester sans faire de bêtises plus de cinq minutes, espèce d'imbécile heureux !"
Bien sûr, je n'en pensais pas un mot. Et si ma bouche prononçait ses paroles sévères, mes yeux assuraient pourtant au jeune chat que je serais là pour lui à chaque fois qu'il en aurait besoin, et peu importe si je n'étais pas censé me lier avec les autres Clans. Incroyable mais vrai, je m'étais pris d'affection pour ce petit minou tantôt maladroit et timide, tantôt acerbe et jovial. En même temps, comment ne pas apprécier sa compagnie ? Et le fait de l'avoir sauvé m'avait rendu un peu protecteur à son égard. Pas question que tous mes efforts aient été inutiles ! Mais en même temps, qu'est-ce qui m'avait pris de lui venir en aide sans rien demander en retour ? Ce n'était pas dans ma nature d'agir de cette façon... Secouant la tête pour chasser le léger malaise qui persistait en moi, je souris à Nuage des Océans avant de faire demi-tour pour rentrer au camp du Tonnerre. Mais une pensée ne quittait pas mon esprit, troublante : étais-je en train de devenir gentil ? de m'adoucir ? moi, Coucher de Soleil ? Non, impossible, me convainquais-je fermement. Cela n'arrivait pas et n'arriverait jamais, tant que je serais en vie.

HRP :

Il me fait un clin d'oeil et réponds d'un air amusé :

"Sauveur express, toujours là pour vous !"

Je souris, ce Coucher de Soleil est véritablement un sauveur express comme il dit. J'ai eu de la chance qu'il soit là. C'est tellement triste qu'on ne soit pas dans le même clan. Coucher de Soleil est un chat vraiment formidable. Il continue d'ailleurs, mais son intonation de voix a étrangement changée. Est-ce de la tendresse qui veut m'exprimer en parlant ainsi?

"De rien, et fais attention à toi, mon pt'it miraculé. Je ne serais peut-être pas là pour te sortir d'affaire, la prochaine fois."

Mon sourire s'élargit encore plus, un léger ronronnement s'échappe de ma gorge. Je le regarde et me rends compte qu'il va me manquer. Je crois que je l'aime beaucoup maintenant. Il rétorque, une pointe d'ironie dans sa voix:

"D'ailleurs, même si je l'étais, je te laisserais te débrouiller. Tant pis pour toi si tu es incapable de rester sans faire de bêtises plus de cinq minutes, espèce d'imbécile heureux !"

Je rigole, comme s'il croyait un mot de ce qu'il racontait celui-là! Je ronronne encore une fois. Soudain, un frisson d'angoisse me parcourt. Et si une guerre éclatait entre nos deux clans? Et si je devais le combattre! Ce serait horrible... Mon visage s'était assombri. Je venais de transgresser le code du guerrier, et je ne m'en rendais compte que maintenant. Je me convainquis que coûte que coûte j'opérerai au mieux. Mais la première chose, la plus importante, ce sera ma loyauté. Seulement ensuite, je pourrais faire passer le reste, et donc c'est qu'après que les sentiments personnels pourront intervenir dans les décisions de mes actes.
Je me relève doucement, et lui lance:

"Encore mille merci, sauveur express. Je te revaudrai ça un jour!!"

Ensuite, je tourne les talons et m'enfonçai dans mes terres... Mon intention première avait été la chasse, mais j'étais trop faible pour cela. Je soupire et hâte le pas. Sur mon chemin, je vis une grande flaque de boue.Je me roule dedans pour effacer l'odeur du clan du tonnerre. Puis je continue ma route. Je dus faire une petite pause, ma tête me tournait irrémédiablement et floutait ma vue. Et il faisait si chaud! Mais je regrettais ma dernière phrase... Et si cette promesse me faisais transgresser le code?
Je rentrais finalement au campement, me fis tout petit et fila dans la tanière de ma chère Lune de Neige, non sans oublier de lui prendre une proie. Je lui contai mon histoire, en dissimulant évidemment tout ce qui concernait Coucher de Soleil. Je dus glisser un petit mensonge qui me mit mal à l'aise, mais tant pis. Elle m'envoya me laver, puis s'occupa de mes blessures. Je dus rester une nuit dans sa tanière, pour éviter une infection...

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