Je suis conscient que le souffle du vent sur la lande manque au guerrier du Clan du Vent, désormais je ne vois plus cette punition comme un atout contre celui-ci mais plutôt une vengeance d’un peuple envers un autre. Si le soleil n’est pas encore haut dans le ciel c’est qu’il n’est pas tard et que l’astre bleu vient tout juste de remballer ses valises. Je m’étire, je ne perçois plus le Clan du Vent comme avant, ce n’est plus ce clan de voleur de gibier et de bouffeur de charogne. Une fois hors de ma douce litière, je souffle et un petit nuage de fumée blanche se forme à la sortir de l’air de ma bouche. Je suis dépité, la veille au soir, j’ai oublié qu’il s’agissait des 27 lunes depuis la mort de ma Belle. J’avais l’esprit ailleurs, voguant donc j’ai totalement oublié ce funeste anniversaire. Je commence alors ma toilette, lissant longuement mon épaisse pelisse. Je repère mon frère là-haut, vaillant sur le gigantesque promontoire, je soupire tellement cet admiration qu’il demande est pathétique. Non loin, je remarque les apprentis qui s’entraînent déjà avec envie attendant leurs mentors. L’un d’eux m’a toujours fait penser à moi plus jeune, il est petit, frêle et a un frère, grand, beau et fort qui incarne la perfection aux yeux de son père. Je fixe l’apprenti avant de me rendre compte qu’il est plus au lieu de départ où il était. Il est devant mes pattes et me regarde les yeux brillants. Je ronronne avant de me mettre en position de chasse pour lui montrer un petit peu comment fonctionne tout ça. Il ronronne de satisfaction quand il pense me faire tomber d’un faible coup de patte. Je lui adresse un au revoir grâce à ma longue queue en panache avant de marcher et de foudroyer mon frère, qui est toujours sur le promontoire, du regard. Je marche vers la sortie du camp laissant onduler mon corps au rythme de mes pas. D’habitude, instinctivement je marche vers le Ruisseau, pourtant, aujourd’hui, mes pattes me portent ailleurs et rapidement, je vois la frontière avec le Clan du Vent. J’ignore ce que je viens faire ici et d’un coup, ça me flash. Si jamais elle vient, ça sera la septième fois que l’on passe la journée ensemble. Toute une journée est censée être long mais quand je suis avec elle, tout semble aller plus vite. Je me surprends à l’attendre sur la frontière. Sa présence me refait vivre, j’ignore pourquoi, j’exprime des sentiments envers elle mais ils sont différents de ceux que j’ai pu ressentir pour Œil de Faon. Mais elle est trop jeune de toute façon, elle doit avoir une dizaine de lunes à tout péter. Ce n’est pas possible et puis, elle, elle ne m’aime pas. Je ne suis pas assez jeune pour elle, pas assez plein de vie.

J’attends, assis à côté de la frontière toute la journée, tout ceci fut très long, le soleil décline déjà. L’aurais-je surestimé ? C’est même elle qui m’a dit de ne pas la sous-estimer car elle est une apprentie guerrière du Clan du Vent. Je soupire et reste droit face à l’étendue de la lande qui se présente devant moi. Et si elle n’avait pas la même idée ? Je me suis sans aucun doute trompé. Elle est jeune pour de telle relation sérieuse, elle doit déjà avoir un petit camarade avec qui elle s’entend super bien. Je crache, comment ai-je pu miroiter le parfait amour avec une apprentie ? Ennemie en plus !

Nuageuse Pégase sauta de nouveau sur son mentor mais ce dernier l'esquiva et la novice atterrie tête la première sur le sol. Elle se releva en secouant la tête, elle entendit la voix d'Etoile des Tornades gronder tout près d'elle :

« Que ce passe-t-il Nuageuse Pégase ?! Ces temps si tu est complètement dans la lune ! »

La novice baissa la tête. L'entrainement continua toute la journée, d'abord du combat, puis de la chasse. C'était encore le seul domaine dans lequel Nuageuse Pégase n'avait pas régressée. Ses pensées étaient hantée par ce guerrier, ce guerrier du clan de l'Ombre, celui qui occupait ses rêves, ses pensées. Après cette partie de chasse éreintante, Etoile des Tornade libéra son apprentie. Nuageuse Pégase était épuisée, ses pattes la faisait souffrir mais elle ne voulait pas rentrée au camp, non, elle voulait le revoir.

Le soleil était déjà entrain de décliner, serait-il quand même la, à l'attendre ? Nuageuse Pégase se dirigea vers la frontière avec le clan de l'Ombre. Elle marchait aussi vite que ses pattes le lui permettaient. Après plusieurs minutes de marche, elle arriva et elle distingua tout de suite sa douce fourrure brune. Un sourire se dessina sur les lèvres de Nuageuse Pégase tandis qu'elle s'engageait dans la descente de la plaine glacée. Elle se rappelait encore leurs premières rencontre. Nuageuse Pégase avait glissée du haut de la petite colline de la plaine Glacée et s'était retrouvée aux pattes du guerriers. Il s'était d'abord montrer agressif envers la novice puis il c'était adoucit. Nuageuse Pégase arriva près de la frontière et appela la guerrier pour qu'il la repère, après quoi, la novice sourit et s'assoit près de la frontière en attendant que Mirage des Dunes se rapproche.

L'appel de l'apprentie me comble de bonheur, si bien que je me dirige au petit trot vers la frontière tout en ronronnant. Je me fis plus à l'odeur qu'à l'appel de la voix car il s'était rapidement dissipé car le vent n'avait pas pu le porter bien loin étant donné qu'il n'en avait plus. Je ronronne et presse ma truffe contre la sienne avant de l'amener dans notre territoire, sans aucune gêne :

- Je t'aime Nuageuse Pégase.

Depuis que nous nous étions officiellement annoncé qu'on s'aimait je n'avais cessé de lui dire. A toute les heures du jour car nous n'avions jamais passé de nuit ensemble. Le soleil avait atteint le zénith et nous bavardions comme nous avions l'habitude de faire tout en ronronnant sans cesse. Mon frère ne s'était pas encore rendu compte de mes absences répétées mais ce n'était qu'une question de temps, bientôt je serais espionné par tous les guerriers de mon propre clan.

Je m'assois à côté d'elle, nous nous cachons lorsque les patrouilles arrivent. Je l'avais couverte de boue afin que son odeur ne soit pas détectable puis vers la fin de la journée, je commençai à lui faire sa toilette pendant qu'elle faisait la mienne. Ce geste pouvait paraître anodin mais c'était une vraie preuve d'amour réciproque. Je me sens alors mal à l'aise, j'ai quand même trahi Œil de Faon mais je pense qu'elle voulait mon bonheur avant tout. En plus ... c'est inconscient de sorti avec une apprentie aussi jeune ...

Nuageuse Pégase sourit lorsque Mirage des Dunes vint collée sa truffe contre la sienne. L'apprentie ronronna et se laissa entrainée par le mâle sur le territoire de ce dernier. Mirage des Dunes recouvra certains endroit du pelage de la novice de boue pour la dissimulée des patrouilles du clan de l'Ombre. Nuageuse Pégase n'aimait pas ca mais c'était le prix à payer pour rester aux côtés du doux guerrier. Quand les patrouilles s'approchent, les deux chats se camoufles dans un petit buisson d'aubépines assez grand pour s'y dissimulés entièrement.

Le soir venus, les deux chats firent leurs toilettes mutuellement. Nuageuse Pégase aimait sentir la langue de son compagnon sur son poil tandis qu'elle même pouvait respirer sa douce odeur. La novice aimait ses moments, bien qu'ils soient peut nombreux, cela les rendaient encore plus magique, pétillant, vitaux. Elle aimait Mirage des Dunes, elle n'avait encore jamais aimée un autre chat comme ca, de tout son corps, de tout son être.

Nuageuse Pégase connaissait l'histoire de l'ancienne compagne du guerrier, elle avait à quel point Œil de Faon manquait à Mirage des Dunes. Parfois, l'apprentie guerrière s'en voulait un peu de prendre ainsi la place de l'ancienne compagne du guerrier.

Une fois la nuit tombée, l'apprentie n'avait pas envie de rentrée, non, elle voulait rester aux côtés de Mirage des Dunes, pour toujours ... Elle savait que c'était impossible, malheureusement.

« Je ne veux pas rentrer ce soir ... »

« Je ne veux pas rentrer ce soir ... »

Je la regarde ses yeux fixent les miens. Je presse ma truffe contre la sienne et ronronne avec audace si bien qu'on nous aurait entendus depuis le camp du Clan du Vent. Elle semble moins malheureuse à mes côtés, le vent ne semble plus lui manquer bien que je me doute que cela la gêne toujours autant. Je la fixe, j'examine chacune des lignes de sa douce silhouette aux formes simplistes et épurées.

Ce désir d'être près d'elle et contre elle me tourmente. Je me demande si j'en serais capable au point de trahir celle que j'aime. Enfin, celle que j'ai aimé me reprennnais-je, car celle que j'aime est en face de moi. Sa truffe contre la mienne. Ses hanches contre les miennes et nos queues enlacées, je pouvais décrire chacune des formes de son corps, chacune de ses habitudes.

Je ronronne et reste contre elle, attendant qu'elle poursuive sa demande car elle n'a pas fini sa phrase ou du moins, elle me laisse désirer ce que j'ai envie d'entendre. Je la regarde, un puissant roucoulement s'échappe de ma gorge puis je lui ronronne avec fierté :

« - Et bien, disons que c'est toi la reine ... »

Ses yeux transpercent les miens tandis que je reste face à elle, attendant qu'elle fasse le premier pas ? Ou bien, juste impatient de voir ce qu'elle compte faire maintenant qu'elle a énoncé vouloir passer la nuit avec moi.

Nuageuse Pégase ronronna quand son compagnon se colla contre elle, entremêlant sa queue avec celle de l'apprentie. Cette dernière sourit et ronronna tout comme Mirage des Dunes. L'apprentie savait que le mâle avait eu une précédente relation avec une chatte du Clan de la Rivière du nom d'Œil de Faon, Mirage des Dunes lui en avait longuement parlé.

« Et bien, disons que c'est toi la reine ... »

Nuageuse Pégase sourit lorsqu'une idée vint lui effleurée l'esprit. Elle était donc la reine ce soir, elle pouvait faire ce qu'elle voulait, quand elle le voulait. Un éclat de malice s'alluma dans son regard et elle s'écarta légèrement de Mirage des Dunes et avança de quelques pas devant le mâle, miaulant avec malice :

« Eh bien ... Faible guerrier, tu va devoir mériter de passer une nuit avec une Reine. »

Nuageuse Pégase sourit et ronronna face au guerrier avant de commencer à trottiner vers le petit buisson d'Aubépine dans lequel ils s'étaient cacher un peu plus tôt dans la journée, lors du passage régulier de la patrouille.

Elle savait très bien qu'en traitant son compagnon de ' faible guerrier ' son ego allait en prendre un coup et qu'il allait tout faire pour 'séduire' la reine du soir. Nuageuse Pégase aimait ce rôle de reine, elle pouvait s'échappée, échappée aux difficultés de son clan, de l'hiver, de la faim, de la solitude .... depuis la mort de sa sœur, la novice était plus isolée, elle préférait être seule, sauf en se trouvant avec Mirage des Dunes. En parlant de ce dernier, Nuageuse Pégase sentit son pelage contre le sien.

Spoiler:

Je me laisse glisser à côté de la femelle avant que je me relève et étire mes muscles ankylosés. Je reste debout en face d'elle, je lui lèche le front et sort, la laissant seule. Je m'enfonce dans les buissons menant au camp pour éviter de trouver une patrouille, rapidement je trouve une petite grive, je me mets en position et avec délicatesse je bondis et retombe en toute légèreté et silencieusement sur la proie. Je lui brise le cou et me rend dans le buisson.

Nuageuse Pégase dort et un fin nuage de fumée blanche se créer à l'entrée de sa gueule à cause du froid ambiant. Je pose la proie près de son museau et m'allonge à côté d'elle pour la réchauffer. Je lui ronronne que je l'aime tandis qu'elle se retourne tout en sommeillant ou somnolant, je l'ignore.

« Je t'ai ramené à manger si jamais tu m'entends, sinon je mange tout ... Et ... ça t'a plu ? Je ne t'ai pas fait trop mal ... ?»

Je sais très bien qu'elle m'entend et qu'elle feignit juste de dormir. Je la pousse du bout du museau tandis qu'elle tente de se recroqueviller sur elle même. Je laisse s'échapper un petit gloussement tandis qu'elle est là, tel un hérisson essayant tant bien que mal de se libérer de son prédateur. Je me lèche les babines et murmure que la proie et délicieuse pour faire croire que je mange la totalité sans elle. Un de ses yeux s'entrouvre.

J'étais persuadé que l'apprentie dormait. Je la pousse du museau en ronronnant tandis qu'elle garde les yeux clos. Je compris qu'elle dormait pas lorsqu'elle se replia sur elle même. Je pousse un ronron de surprise et murmure que la proie est délicieuse. Miraculeusement, ses yeux s'ouvrent et elle me regarde de ses pupilles embrasées en gémissant :

« Mais !!! Z'ai faim moi. »

J'arque un sourcil, légèrement perdu dans cette scène. Elle a oublié de répondre à ma question, ce n'est pas que je m'inquiète pour elle mais un peu tout de même. Une fois la proie partagée et savourée, l'apprentie se retourna les quatre pattes en l'air. Elle glousse discrètement avant de se lever et de s'asseoir en face de moi, elle se tient droite et un bâillement me laisse apercevoir ses amygdales. Elle enroule sa queue autour de ses pattes puis la tête droite elle murmure :

« Est ce que tu pense réellement que je serais encore la si tu m'avais fait mal ? Cervelle de souris ... »

Elle vient se coller en ronronnant à moi. Je la regarde les yeux vagues, avec elle il est impossible de tenir une conversation sérieuse. Cette nuit a été formidable pour moi, et sans doute pour elle. Je pousse un long soupir, elle me regarde surprise. Je lève les yeux au ciel avant de les poser sur sa svelte silhouette :

« Cette nuit a été la plus belle de toute mon existence. Nuageuse Pégase, tu es merveilleuse. »

Je m'appuie contre l'épaule de l'apprentie qui manque de tomber, ma queue s'enroule autour de la sienne et je ronronne, me laissant aller, voguant, réfléchissant au passé, imaginant le futur.