L'aube dépose sa lumière rougeâtre dans le camp. Je baille à m'en décrocher la mâchoire, je suis fatigué, je n'ai pas dormis de la nuit, juste après l'assemblée j'étais parti pour recevoir mes neufs vies. Puis à mon retour j'ai rencontré un pitoyable apprenti. En revenant dans le camp j'ai n'ai pas senti le sommeil me gagner. Etoile Sylvestre avait malheureusement périe aux quatre chênes et après que Ghost soit parti, Etoile des Tornades m'a donné rendez-vous là-bas avec mon lieutenant nommé il y a peu : Azur Irisé.
Je me lève du promontoire pour aller l'éveiller, je le trouve dans la tanière et le secoue puis me diriger vers la sortie.
Après quelques temps, il arrive et nous nous dirigeons à cet endroit qui me fait assez frissonné.Etoile des Tornades est là, seul avec sa lieutenante Valse des Lucioles. Mes pattes me mènent alors à eux et je m'incline comme le font les chefs.

« Salutation Etoile Noire, dit-il en s'inclinant comme je l'ai fais précédemment, Suite aux événements d'hier, j'ai une proposition à te faire. »

Je l'ai écouté et je fus assez curieux de sa proposition. Lorsque ses paroles ont été lancées, j'ai dressé mes oreilles en avant.

« Salutation Etoile des Tornades, pause,  Je suis tout ouïe. »

Sa proposition m’intéressera sûrement, je suis sûr que se sera quelque chose de bon, Etoile des Tornades n'a jamais eu de mauvaises idées. Je pense qu'elle nous aidera énormément avec ces événements passés.

Le rêve qui embaumait le jeune lieutenant le faisait frissonner. Pourtant, cette fois, il n'y avait ni rivière, ni berge opposée, et encore moins cette voix mielleuse mais cruellement sarcastique. Il l'avait étudiée mille et une fois, se rappelant de sa tonalité, et en avait fait la conclusion suivante : il avait fait immersion dans le domaine du cauchemar et non du rêve... Y avait-il des frontières ? Ou était-ce simplement son imagination ? Azur Irisé n'aimait pas croire en quelque chose, il voulait fuir les rêves, fuir les cauchemars, renier ses ancêtres. Non, il n'y croyait pas. Mais cette fois il flottait sur un océan de brume qui lui fit rappeler justement sa première rencontre du cauchemar. Il courba l'échine, feula, inutilement. Il lui sembla sentir un souffle tout près de son oreille et se rappela avec dégoût les paroles de son père.
On le réveilla.
Une masse noire était penchée au-dessus de lui. Les yeux bouffis, il le regarda sans comprendre. C'était Étoile Noire, son supérieur. Il lui expliqua brièvement qu'ils devaient partir ensemble, et le lieutenant dût bailler à s'en décrocher la mâchoire avant de le suivre dans les méandres végétaux de la forêt. Son sang bouillonnait dans ses veines tandis que le froid le mordait férocement. Les feuilles ployaient sous le poids du gel. Pourtant, le lieutenant aimait le froid. Le blanc de la neige l'avait toujours émerveillé. Il secoua la tête pour s'éclaircir les idées, et se redressa, le dos droit, regardant droit devant lui. Ses oreilles frémirent lorsqu'il entendit une pauvre grive s'envoler à tire-d'aile. Il ravala un grommellement, se rappelant qu'il avait faim, puis oublia aussitôt cette sensation.
Comme promis, Étoile des Tornades les attendait avec Valse des Lucioles. Qu'est-ce qu'ils tramaient, tout les deux ? Azur Irisé n'aimait pas ça. Il plissa les yeux, méfiant, mais s'abstint de lancer quoi que ce fût. 

« Salutations Étoile Noire, Suite aux événements d'hier, j'ai une proposition à te faire. »

Le meneur ennemi ne semblait pas hostile. Mais le lieutenant se méfiait toujours. Il enroula sa queue autour de ses pattes, attendant la suite avec impatience ; néanmoins son chef préféra brosser dans le sens du poil :

« Salutations Étoile des Tornades,  Je suis tout ouïe. »

« Comme vous le savez, l'assemblée c'est très mal terminée. L'armée des Ombres a menacé de nous envahir mais nous devons faire face. C'est pourquoi je propose au Clan de la Rivière de s'allier avec le Clan du Vent contre cette armée. »

Mes oreilles se dressèrent en avant en entendant ses paroles. J'étais un peu surpris par sa proposition, même si elle avait été longuement réfléchie, je la trouve un peu sotte malgré la sagesse d'Etoile des Tornades. Celui-ci enroule sa queue autour de ses pattes en attendant ma réponse.
Je mets un temps fous à réfléchir, je dois choisir la bonne décision pour nous tous, alors j'hésite énormément. J'ai l'impression qu'ils s'impatientent, peut-être n'est-ce qu'une impression, alors je vais donner un avant goût de ma réponse.

« Je doutes que cela soit très prudent. Que vont penser les autres clans ? Et si jamais ceux-ci s'allient pour créer une bataille, ils pourraient prendre cela comme une mutinerie. »

Mes poils se sont dressés sur ma nuque sans même que je ne m'en rende compte. Je suis un peu nerveux à l'idée de savoir que si nos clans s'allient, le Clan de l'Ombre et celui du Tonnerre aussi. Ma queue balaye l'air et je retiens mes griffes de sortir pour se planter dans la terre molle, je veux pas que le meneur et sa lieutenante prennent ça pour de l'hostilité.

« Etoile des Tornades, je n'ai jamais douté de ta sagesse, mais en quoi cela nous aidera-t-il ? Peut-être  que cela nous donnera plus de problèmes dans les pattes. »

Mes poils retombent enfin, j'ai dis toute ces paroles d'un ton calme et posé. J'aimerais savoir quels serait les arguments du chef au pelage de neige, à vrai dire je suis un peu impatient de les connaître. Mais à présent je me tais, ce sera à mon lieutenant de décider avec moi. Je le lui fait savoir en lui faisant un signe de la queue. Maintenant ce sera à lui de parler, à prêt tout c'est son travail aussi de diriger le clan et ses problèmes, de prendre des décision bonnes comme mauvaises. Et puis il faut qu'il s'entraîne un peu, quand le poste de chef ne serait plus fait pour moi, il lui reviendra.
Je me met alors à la même hauteur qu'Azur Irisé.

Le regard empreint de respect que le meneur du Vent lui adressa le surprit. Il avait l'habitude qu'on le regarde de travers. Il plissa les yeux, mais ne dit rien. Etoile des Tornades reprit :


« J'ai quelque chose à vous proposez, êtes-vous prêt à l'entendre ? »


Il y avait quelque chose qui rendait l'ambiance quelque peu déstabilisante. Comme un voile de mal à l'aise qui flottait allègrement, pesamment, au-dessus de nos esprits. Le lieutenant de la Rivière tendit l'oreille, intrigué. Ce qu'il allait leur dire se révelerait-il fataliste ? 

« Comme vous le savez, l'assemblée c'est très mal terminée. L'armée des Ombres a menacé de nous envahir mais nous devons faire face. C'est pourquoi je propose au Clan de la Rivière de s'allier avec le Clan du Vent contre cette armée. »


Azur Irisé n'en crut pas ses oreilles. Une alliance ! Il ne connaissait qu'à peine ce mot. Il étudia la réaction de son meneur. Celui-ci avait les yeux écarquillés, pris au dépourvu, ce qui n'était pas étonnant. Une éternité sembla s'écouler avant qu'il ne décide de répondre. Azur Irisé se garda de toute réponse, comme si quelqu'un lui avait, soudainement, amputé de la langue.

« Je doutes que cela soit très prudent. Que vont penser les autres clans ? Et si jamais ceux-ci s'allient pour créer une bataille, ils pourraient prendre cela comme une mutinerie. »


Pas faux. Le félin gris remua les moustaches, peu convaincu par la pertinence des arguments du meneur adverse. 



« Etoile des Tornades, je n'ai jamais douté de ta sagesse, mais en quoi cela nous aidera-t-il ? Peut-être  que cela nous donnera plus de problèmes dans les pattes. »


Ce qu'Azur Irisé admirait, c'était bien le calme impressionnant d’Étoile Noire. Le chef savait prendre du recul et pesait correctement chaque chose qu'il disait. Puis il se recula à la hauteur de son lieutenant, comme pour l'inciter à prendre enfin la parole : mais Valse des Lucioles s'engagea en premier.



« Etoile Noire, face à une telle menace, ne serai-il pas plus prudent d'allier nos forces face à cette mystérieuse menace ? Tu ne pense pas que le Clan de l'Ombre et celui du Tonnerre sont peut être déjà alliés ? Qui sait après tout ? Et puis, je tiens à rajouter qu'il serait très bête de lancer une guerre clanique par les temps qui court. »

"Qui a parlé de guerre clanique ?" rétorqua spontanément le félin. "Il faut savoir qu'en nous alliant nous aurons certes plus de forces, mais vos problèmes deviendront nôtres et inversement. Sommes-nous prêts à assumer ces responsabilités ? Et quand bien même, combien de temps cela durerait-il ? Par la suite, nous redeviendrions ennemis comme si rien ne s'était passé ?" l'idée ne plaisait pas au lieutenant. Il l'avait clairement exposé dans le ton qu'il avait adopté, mais pas trop brusquement toutefois.

Alors qu'Azur Irisé allait répondre, ce fut Valse des Lucioles, la lieutenante du Clan du Vent qui pris la parole.

« Étoile Noire, face à une telle menace, ne serai-il pas plus prudent d'allier nos forces face à cette mystérieuse menace ? Tu ne pense pas que le Clan de l'Ombre et celui du Tonnerre sont peut être déjà alliés ? Qui sait après tout ? Et puis, je tiens à rajouter qu'il serait très bête de lancer une guerre clanique par les temps qui court. »

Je me dandine d'une patte à l'autre, mal à l'aise. C'est la première fois que je joue le rôle de meneur et puis pour la guerre clanique pourrait être possible à créer, avec n'importe qu'elle forte tête. 
Je me racle la gorge, pensant que mes paroles ont été stupides et non digne du chef du Clan de la Rivière. Je baisse les yeux au sol, pensant que j'aurais dû choisir d'autres mots. Mais mon lieutenant était apparemment de mon avis.

« Qui a parlé de guerre clanique ? Il faut savoir qu'en nous alliant nous aurons certes plus de forces, mais vos problèmes deviendront nôtres et inversement. Sommes-nous prêts à assumer ces responsabilités ? Et quand bien même, combien de temps cela durerait-il ? Par la suite, nous redeviendrions ennemis comme si rien ne s'était passé ? »

Un grognement s'échappe de la gorge du matou blanc, je tourne la tête. Etoile des Tornades a sûrement pas été d'accord avec mon lieutenant. Pourtant le meneur garde toujours son calme et s'assoit, la queue enroulée autour des pattes. Je grimace un peu, m'attendant à une réponse, certes dite d'un ton doux mais aussi une réponse assez venimeuse, comme j'en ai l'habitude d'entendre de mes guerriers. Je repose, alors, mes yeux à nouveaux sur le chef venteux. Ensuite, il ouvre la bouche pour parler.

« Azur Irisé, sans vouloir te brusquer, ni te contredire il me semble qu'aucune de nos terres respectives sont habitables. Si nous ne nous entraidons pas dans ces moments là qu'adviendra-t-il des clans ? Pour les problèmes, il est toujours plus simple de les surmonter à plusieurs. Il me semble que tu me respectes donc je te respecte, notamment ton point de vue malgré que je le trouve fortement inapproprié à la situation. Dois-je te rappeler que l'Armée des Ombres est à nos trousses et risque de frapper à tout moment ? Voudrais-tu voir des guerriers de ton Clan mourir pour une alliance que vous avez refusé ? Si vous maintenez votre refus, j'irais m'allier avec les deux autres clans et vous vous retrouverez seul. »

Ses mots me laissent à réfléchir. Je ne veux en aucun cas que mon clan périsse sous les griffes de l'armée des ombres. Je frisonne en voyant l'image d'une reine décédant au pied d'une ombre. Déjà rien qu'à l'assemblée, ils me faisaient peur, avec leurs petits yeux prêts à vous sautez dessus et vous tuez en un rien de temps. Mais il n'a pas fini son discours et continu.

« Traitez nous de lâche si vous le souhaitez nous en avons strictement rien à fiche. Mais au moins, nous ne crèverons pas contre les ombres et nous ne finirons pas dans la Forêt Sombre. »

Je gratte nerveusement la terre, pendant que celui-ci bombe le poitrail, fier de lui. Je m'arrête un cours instant et prend le temps de me débarrasser de ce stress qui m'envahit. Une fois chose faites, je penche ma tête sur le côté tout en la baissant et la relève immédiatement.

« Très bien. J'accepte ta proposition, mais l'avis de mon lieutenant comptera aussi, donc c'est à lui de choisir. »

« Azur Irisé, sans vouloir te brusquer, ni te contredire il me semble qu'aucune de nos terres respectives sont habitables. Si nous ne nous entraidons pas dans ces moments là qu'adviendra-t-il des clans ? Pour les problèmes, il est toujours plus simple de les surmonter à plusieurs. Il me semble que tu me respectes donc je te respecte, notamment ton point de vue malgré que je le trouve fortement inapproprié à la situation. Dois-je te rappeler que l'Armée des Ombres est à nos trousses et risque de frapper à tout moment ? Voudrais-tu voir des guerriers de ton Clan mourir pour une alliance que vous avez refusé ? Si vous maintenez votre refus, j'irais m'allier avec les deux autres clans et vous vous retrouverez seul. Traitez nous de lâche si vous le souhaitez nous en avons strictement rien à fiche. Mais au moins, nous ne crèverons pas contre les ombres et nous ne finirons pas dans la Forêt Sombre. »

Le lieutenant était pensif. Il n'avait pas tord. Mais que croyait-il ? Qu'ils allaient accepter la proposition sans protester ? Une alliance donnait toujours lieu à une réflexion plus ou moins approfondie. Maintenant qu'il avait ses réponses, il n'avait rien à en redire. 

« Très bien. J'accepte ta proposition, mais l'avis de mon lieutenant comptera aussi, donc c'est à lui de choisir. »

Ce dernier plissa les yeux, indécis. L'alliance était un signe de faiblesse en général, qu'ils ne pouvaient nier. Peut-être qu'ils leur seraient redevables, mais Azur Irisé n'y croyait pas tellement. Quand bien même, ils avaient besoin de leur aide. L'un autant que l'autre.
Une petite voix intérieur s'amusa de lui. Le lieutenant la réprima sévèrement, n'ayant aucune envie de l'écouter, pas elle, surtout pas elle. Elle qui croyait lui dicter la bonne conduite. Et pourtant, elle faisait partie de lui, et il ne pouvait le nier. Il se retint de soupirer d'agacement, ne voulant pas déclencher un malentendu.
Il laissa languir les deux ennemis quelques instants, réprima un sourire satisfait. Il aimait bien se faire prier.

« Eh bien, c'est d'accord. » s'il continuait à rouspéter, le meneur ennemi l'enquiquinerait encore. Et il n'en avait pas envie, car il détestait que quelqu'un lui fasse la morale à tout bout de champ.
« Qu'il en soit ainsi, j'accepte ta proposition également.»